Entre informer et manipuler.
En réaction au documentaire de Mr Crutzen intitulé “Ceci n’est pas un complot”.
Nous voici bien malgré nous en train de monter sur scène. Appelons cela un dommage collatéral.
Notre société – Savics – va fêter ses 5 ans dans 3 semaines. Nous aidons les ministères de la santé de pays d’Afrique et d’Asie du Sud-Est à transformer leur système de gestion des soins de santé du “papier” au digital.
Notre histoire a commencé en août 2015, lorsque nous rencontrons pour la première fois le Dr Emmanuel André.
Pendant sa thèse de doctorat, Emmanuel a lancé et testé une idée de collecte de données digitales, automatique pour que les laboratoires médicaux qui ne disposent pas d’internet puissent envoyer en temps réel les résultats de tests de tuberculose vers un serveur maintenu par le ministère de la santé en RDC. La solution est simple et efficace. Les données sont cryptées et envoyées automatiquement par SMS.
La RDC demande un déploiement national de la solution qui fonctionne très bien, mais Emmanuel est médecin, pas informaticien. Il nous propose de prendre le relais. Savics vient de trouver sa raison d’être et contractualise avec l’UCL en 2016 l’utilisation et le développement futur du logiciel.
Ellipse temporelle de 5 ans.
Nous nous retrouvons début mars 2020. Savics a signé un contrat avec la KUL depuis octobre 2019 pour que le Prof. Emmanuel André puisse travailler avec Savics un jour par semaine comme consultant pour continuer à faire ce qu’il faisait déjà informellement et gratuitement depuis plusieurs années.
Le COVID-19 n’est plus un virus lointain mais il s’impose tel le sable lors d’une tempête dans notre environnement. En moins de 10 jours, Savics développe, teste, et lance son module COVID-19 qui est intégré à notre logiciel de capture de données DataToCare. Cela fait de nous des spécialistes du tracking (capture et localisation en temps réel des résultats de tests de laboratoire).
Fin mars, Savics met fin au contrat nous liant à la KUL car Emmanuel André n’a plus le temps de travailler avec nous. Depuis lors, nous n’avons plus eu aucun contact professionnel.
Fin avril, Emmanuel André devient coordinateur des activités de tracing (analyse a posteriori de la position des personnes) dans le cadre de la crise du COVID-19. Il n’y a donc pas eu, comme le suggère le documentaire de Mr Crutzen, d’activités exercées en parallèle des fonctions qui avaient été confiées à Emmanuel André.
Ce qui nous rassemble et nous motive est de travailler à l’amélioration de la santé publique. Ceci ne peut se faire qu’en s’intégrant pleinement dans l’écosystème. C’est entre autre pourquoi nous avons cette relation avec le Prof. André. C’est, je suppose, la même raison qui tisse les liens entre les “experts” microbiologistes et le monde pharmaceutique.
A quoi servirait un journaliste sans informateur ? Mr Crutzen ne nous a, par ailleurs, pas contacté pour confirmer les faits qu’il mentionne mais a par contre retravaillé l’image de notre site internet pour la rendre plus lisible et adaptée à ses besoins.
Notre monde se transforme profondément tous les jours. L’homme n’est pas habitué à être mis face à de telles inconnues de manière aussi répétée. Nous sommes déboussolés. Je parle en terme de “nous” car personne n’a les codes nécessaires pour appréhender correctement les événements qui nous assaillent.
Nous marchons tous dans le brouillard, à vue. Il est donc normal d’avoir mille questions et très peu de réponses.
Il est normal que nos politiques se trompent – ils ne voient pas mieux que vous et moi dans le brouillard. Il est normal que les “experts” se contredisent – ils ne sont experts que dans l’environnement de leurs expériences passées. Nos modèles mentaux n’ont plus de repères et nos esprits tournent comme des girouettes au gré du vent.
Dans cet environnement, où est donc la limite de la critique ? Jusqu’où pouvons-nous donner notre avis ? Devons-nous nécessairement être “expert” pour pouvoir nous exprimer ? Cette question n’est pas seulement pertinente par rapport à la gestion de la crise du COVID-19, ou à la vaccination, mais elle l’est en permanence, dans notre vie de tous les jours.
Dans toutes les interactions que nous avons, nous interférons avec d’autres personnes que nous ne connaissons que partiellement. Nous sommes aussi dans une sorte de brouillard de la connaissance des limites de l’autre. Nous faisons face à une personne ou un groupe d’interlocuteurs que nous ne connaissons peu.
Cette limite entre influence positive et manipulation dépend de chaque personne à qui l’on parle. Elle est unique pour chaque interaction et est influencée par notre vécu, par nos envies et par notre environnement. Elle ne sera pas la même aujourd’hui que demain.
La limite est là où l’on ne construit plus avec l’autre, là où le dialogue s’interrompt.
Si la collaboration fait place au repli sur soi et à la destruction des liens, la limite est dépassée.
Savics, Everyone matters
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